Consacrant plus de 50 heures hebdomadaires à mon métier d’enseignant-chercheur, j’ai été ulcéré de lire dans un article détaillé du Monde de samedi 13 octobre 2007, intitulé Réforme universitaire : Les profs en première ligne, que les maîtres de conférences travaillent « environ 6 heures hebdomadaires par semaine pendant 32 semaines » (je vous laisse au passage apprécier le « hebdomadaires par semaine »).
Aujourd’hui, Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy et certains journalistes donnent encore cette image du mouvement des chercheurs contre la forme actuelle du décret modifiant leur statut.
Pierre Jourde vient de publier un billet qui reflète très bien le fond de ma pensée et probablement celle de la plupart de mes collègues. En voici un extrait :
Aujourd’hui, Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy et certains journalistes donnent encore cette image du mouvement des chercheurs contre la forme actuelle du décret modifiant leur statut.
Pierre Jourde vient de publier un billet qui reflète très bien le fond de ma pensée et probablement celle de la plupart de mes collègues. En voici un extrait :
[…] En fait, un universitaire moyen travaille beaucoup trop. Il exerce trois métiers, enseignant, administrateur et chercheur. Autant dire qu’il n’est pas aux 35 heures, ni aux 40, ni aux 50. Donnons une idée rapide de la variété de ses tâches : cours. Préparation des cours. Examens. Correction des copies (par centaines). Direction de mémoires ou de thèses. Lectures de ces mémoires (en sciences humaines, une thèse, c’est entre 300 et 1000 pages). Rapports. Soutenances. Jurys d’examens. Réception et suivi des étudiants. Elaboration des maquettes d’enseignement. Cooptation et évaluation des collègues (dossiers, rapports, réunions). Direction d’année, de département, d’UFR le cas échéant. Réunions de toutes ces instances. Conseils d’UFR, conseils scientifiques, réunions de CEVU, rapports et réunions du CNU et du CNRS, animations et réunions de centres et de laboratoires de recherche, et d’une quantité de conseils, d’instituts et de machins divers.
Et puis, la recherche. Pendant les loisirs, s’il en reste. Là, c’est virtuellement infini : lectures innombrables, rédaction d’articles, de livres, de comptes rendus, direction de revues, de collections, conférences, colloques en France et à l’étranger. Quelle bande de fainéants, en effet. Certains cherchent un peu moins que les autres, et on s’étonne ? Contrôlons mieux ces tire-au-flanc, c’est une excellente idée. Il y a une autre hypothèse : et si, pour changer, on fichait la paix aux chercheurs, est-ce qu’ils ne chercheraient pas plus ? Depuis des lustres, la cadence infernale des réformes multiplie leurs tâches. Après quoi, on les accuse de ne pas chercher assez. C’est plutôt le fait qu’ils continuent à le faire, malgré les ministres successifs et leurs bonnes idées, malgré les humiliations et les obstacles en tous genres, qui devrait nous paraître étonnant.
Nicolas Sarkozy, dans son discours du 22 janvier, parle de recherche «médiocre» en France. Elle est tellement médiocre que les publications scientifiques françaises sont classées au 5e rang mondial, alors que la France se situe au 18e rang pour le financement de la recherche. Dans ces conditions, les chercheurs français sont des héros. […]