Étroitesse d’esprit et pensée à sens unique
J’aurais aimé commenter et lire les commentaires de l’article de Bernadette Sauvaget tant je suis choqué par l’étroitesse d’esprit, le manque de discernement, le parti pris caricatural et le total décalage entre cet article et l’opinion de nombreuses personnes auxquelles j’apporte bien plus de crédit. Hélas, les commentaires ne font visiblement pas partie de la politique de ce journal qui considère que l’information est un média à sens unique, comme l’est probablement la pensée de ses journalistes.
L’article de Bernadette Sauvaget commente avec virulence un texte de l’archevêque de Paris, Michel Aupetit, en en citant quelques extraits mais sans donner au lecteur la possibilité de lire ce texte dans son intégralité. Ce n’est pas rigoureux, ce n’est pas professionnel, ce n’est pas digne d’un journaliste. J’ai lu ce texte. Bien que me considérant comme agnostique, je me reconnaîs bien plus dans ce texte que dans l’article de Bernadette Sauvaget. Je vous le livre ici.
L’urgence de la fraternité : le texte de Michel Aupetit
Les événements récents montrent une souffrance importante d’une grande partie de nos concitoyens, qui génère la colère quand elle ne semble pas entendue et une frustration devant ce qui peut être pris pour de l’arrogance. Comme archevêque de Paris, je comprends la peine de ceux qui manifestent pacifiquement et luttent pour conserver une vie digne, je dénonce la violence scandaleuse de ceux qui en profitent pour saccager notre ville, je salue le courage des services de police et de gendarmerie et je m’unis au souci de nos gouvernants qui cherchent des réponses à la crise.
Notre pays souffre d’une incompréhension généralisée. L’individualisme devient la valeur absolue au détriment du bien commun qui se construit sur l’attention aux autres et en particulier aux plus faibles. Les valeurs de la République que sont la liberté et l’égalité sont parfois détournées par des réseaux d’influence qui réclament des droits nouveaux sans égard pour les plus vulnérables.
Où sont les véritables priorités ? Les urgences nationales, les « grandes causes » de notre pays ne peuvent légitimement être celles des revendications communautaristes ou catégorielles. Le devoir primordial de l’État est de garantir pour chacun les moyens d’entretenir sa famille et de vivre dans la paix sociale. Il nous faut reconstruire une société fraternelle. Or, pour être frères, encore faut-il une paternité commune. La conscience de Dieu le Père qui nous apprend à nous « aimer les uns les autres » a façonné l’âme de la France. L’oubli de Dieu nous laisse déboussolés et enfermés dans l’individualisme et le chacun pour soi.
La violence engendre la vengeance et la haine. Apprenons ensemble à nous écouter vraiment et à nous parler sans à priori méprisant pour ceux qui ne pensent pas comme nous. J’appelle modestement les protagonistes à un véritable dialogue où chacun accepte de sortir de ses certitudes pour établir un vrai diagnostic d’une situation délétère et trouver humblement les voies d’une reconstruction fraternelle de notre société. Je demande enfin aux chrétiens de prier et d’être ce qu’ils sont appelés à être au nom du Christ : des artisans de paix.