C’est peu de dire que l’écriture inclusive est à la mode : à l’université, elle s’impose dans notre quotidien dans les courriels et dans les documents administratifs. L’association SOS ÉDUCATION (Une scolarité réussie pour tous les enfants) a publié un document (copie locale) sur l’écriture inclusive que je trouve intéressant et dont je livre dans ce billet quelques extraits.
La double flexion, qui fait apparaître le féminin et le masculin d’un même mot, côte à côte, à la place de l’emploi du masculin générique, ramène les femmes à une considération genrée. C’est une forme de régression de la langue, qui est à contre-courant de la volonté de considérer les personnes sans distinction de sexe.
L’apprentissage de la langue française repose sur l’analyse des mots à partir de leur radical. Les différentes graphies ou manipulations morphosyntaxiques, par ailleurs très fluctuantes, de l’écriture « inclusive » vont à l’encontre de l’analyse morphologique, par le radical du mot, que même un jeune enfant est capable de faire. (Exemple le radical de « tout » est « tout » : cela n’a jamais été « tou » ou « tous » comme le donne à voir l’écriture « inclusive » dans les versions de tou.s.tes ; tous.tes ; toustes).
Les langues qui n’appliquent pas l’accord masculin-féminin et qui sont donc totalement invariables selon le genre, comme le chinois ou le turc par exemple, sont utilisées dans des pays qui ne sont pas connus pour être des modèles d’égalité entre les femmes et les hommes.
L’écriture « inclusive » ne procède d’aucune logique linguistique ou phonologique. L’absence de normes et ses pratiques fluctuantes s’opposent au besoin d’un cadre strict sur lequel les personnes en situation de handicap s’appuient pour compenser ou contourner les troubles cognitifs ou fonctionnels qui entravent leur accès à la langue écrite.
L’écriture « inclusive » ne peut pas être lue telle qu’elle s’écrit. Cette forme hybride entre l’écrit et l’oral ne permet pas la verbalisation intérieure, qui est essentielle à de nombreuses personnes en situation de handicap pour accéder au sens, et utile à tout jeune enfant qui apprend à lire.
L’écriture « inclusive » perturbe l’apprentissage de la lecture fluide (rapide) qui correspond au deuxième niveau de l’apprentissage de la lecture. Pour lire avec efficacité, il faut savoir passer rapidement d’une chaîne de lettres au mot ou aux morphèmes correspondants (voie lexicale ou orthographique). L’écriture « inclusive » contraint le lecteur à repasser au niveau du déchiffrage pour accéder au sens.
L’écriture inclusive ne se lit pas puisque la forme graphique du texte n’a pas de concordance immédiate en son, sa lecture nécessite une réinterprétation permanente de la forme écrite en équivalence orale. Elle est une régression de l’acte de lire.
L’écriture « inclusive » est inégalitaire, car elle constitue un obstacle d’accès au sens pour tous les adultes et les jeunes ayant des difficultés en français, soit 21,6 % des adultes entre 16 et 65 ans qui ont un score faible en littératie et 27,5 % des jeunes de 16 à 18 ans qui ont un déficit d’automatisation du décodage de la langue écrite.
Depuis le 5 mai 2021 et la circulaire de Jean-Michel Blanquer (adressée aux recteurs et rectrices d’académie ; aux directeurs et directrices de l’administration centrale ; aux personnels du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports »), l’écriture « inclusive » est proscrite dans l’enseignement. Les services qui ne la respectent pas pourront être sanctionnés. La valeur d’une décision d’un recteur rédigée en écriture « inclusive » serait nulle. Une convocation ou un sujet formulés en écriture « inclusive », également frappés de nullité.
Chouette article !